L’art-thérapie dans le traitement des addictions : un voyage libérateur à l’intérieur de soi

Imaginez…

Une petite voix à la silhouette d’un enfant sous la poussière. Une poussière à couches épaisses, houleuses, muettes, fripées, tendues, légères et fragiles.

Une poussière qui gigote, se soulève remplie de mots insonores. Son poids s’alourdit sur la voix. 

Le petit enfant se perd entre les couches poussiéreuses. Il n’arrive plus à voir la lumière au-dessus de sa tête.

Il s’endort… s’anesthésie pour fuir l’obscurité et se créer une porte de secours ou du moins ce qu’il pensait être un secours.

Imaginez…

Votre voix souffler sur les couches de poussière et se voir naître dans la lumière, se laisser dire sans filtres.

Imaginez,

Vos mains soulever tels des blocs de pierre le poids qui engloutit votre voix intérieure.

Imaginez,

Vos mots s’échapper entre vos lèvres, vos émotions se dire en couleurs… en danse, transe, mouvement, lignes, tâches, déchirures dans le papier ou lumière capturée à l’instant où le regard et le cœur se foudroient.

Imaginez ne plus seulement imaginer que ce moment arrive. Et que le poids devenu insoutenable vous pousse à décider de ne plus subir… de prendre votre vie en mains et libérer l’enfant perdu entre les couches poussiéreuses.

CE JOUR-LA EST POSSIBLE…CE JOUR-LA VOUS NE SEREZ PAS SEULS !

Le manque de connexion à notre voix intérieure

Une des causes principales de la dépendance est l’absence de connexion à notre voix intérieure, ne pas se donner le temps de s’écouter… jusqu’à devenir muets à nos désirs, nos choix, nos élans, nos besoins, nos émotions. Nous cherchons le réconfort ailleurs, dans la fuite de soi, parce que confronter son propre bouillonnement intérieur étouffé devient en soi une douleur.

Le recours aux substances psychoactives promet, au début, une évasion vers un apaisement émotionnel. Cette sensation mène à l’addiction qui, à une certaine phase, n’apaise plus mais anesthésie la sensibilité et détruit le corps.

Que sommes-nous sans SENSIBILITE ?

Sommes-nous en VIE ? 

Guérison holistique : le jour où vous décidez d’arrêter votre dépendance

Le jour où vous déciderez de décrocher de votre dépendance, des thérapies ciblées seront mises en pratique pour vous accompagner dans votre rétablissement.

Parmi elles, nous vous proposons l’art-thérapie.

Cette thérapie consiste en un protocole établi par un professionnel pour vous connecter à vos émotions et les exprimer à travers différents vecteurs artistiques tels que : la peinture, le dessin, l’écriture, le collage, le modelage, la sculpture, la photographie, la musique, la danse, le théâtre, la vidéo etc.

Cette pratique est importante dans l’identification des émotions ou chez les patients qui ont du mal à s’exprimer par des mots. Elle permet de relever ce poids de la poussière qui encombre la petite voix intérieure qui peine à se dire.

A travers des séances individuelles ou collectives, le thérapeute met le processus créatif au service du développement sensible du patient en renouant avec ses ressentis.

Il n’est pas nécessaire pour le patient d’avoir des connaissances artistiques, c’est la démarche en elle-même qui est thérapeutique. 

Ce qu’est l’art-thérapie

La connexion au moment présent pendant la réalisation d’une œuvre, le travail sur l’éveil du sens esthétique et l’émerveillement pour un détail, l’introspection à travers la musique et la ligne ou le mouvement, le frisson auparavant anesthésié que provoque le verbe écouté ou écrit, l’éducation du regard à cadrer le beau dans le chaos… L’écoute de soi dans un moment rien qu’à soi, dans lequel le mental ralentit son rythme. C’est ce que vise l’art-thérapie.

L’expérience créative permet une diminution remarquable du cortisol qui est l’hormone associée au stress, ce qui met le patient dans une humeur favorable à l’expression de ses émotions. Le processus créatif est un vecteur fondamental dans l’activation des zones du cerveau associées à l’identité, la conscience de soi et aux émotions. Ce qui provoque la sécrétion des hormones du bonheur comme la dopamine, la sérotonine et l’ocytocine.

Et si le bonheur était déjà en nous et qu’il fallait juste trouver le bon déclencheur, en nous aussi ?

Rien ne serait à prendre de l’extérieur, l’art-thérapie nous apprend à nous nourrir de notre propre lumière et à nous émerveiller devant une goutte de café en forme de paysage sur une sous-tasse.

Picasso l’avait noté

« Il y a des êtres qui font d’un soleil une simple tâche jaune mais il y en a aussi qui font d’une simple tâche jaune un soleil. »

Le processus créatif nous apprend à être des chasseurs de soleil dans les tâches et les détails, à chercher à nous surprendre par ce que nous voyons en nous et en dehors de nous. Il nous apprend à contraster le vide avec le plein quand l’espace ne respire plus. A aimer la ligne qui tremble parce qu’elle porte la vie même si elle n’est pas parfaite.

A dire des mots insensés parce que le sens nous importe peu mais les dire est vital.

A poser la main sur le cœur est voir les battements renaître en danse et en poèmes.

A écouter le silence grandir jusqu’à exploser en palette monochrome et accoucher des élans et des désirs manqués.

A regarder un instant se suspendre dans un détail d’une feuille qui transpire sur un fond bleu ciel et faire de son regard un objectif intégré que l’appareil photographique interprétera par souci de mémorisation.

A aimer,

La déchirure sur un fond parfait et la perfection sur le fragment déchiré telle la vie dans tous ses états.

A aimer,

L’aventure que le pinceau te fait prendre sans savoir où aller entre les ratures et les couches superposées. 

A aimer,

Ta peur du vide et du blanc, 

Ta crainte au seuil de la porte de ton cœur et ton courage de l’ouvrir,

Ton corps dans sa danse nonchalante,

Ton papier froissé et défroissé puis collé sur la rose du jardin que tu as appris à regarder.

Tes faiblesses dans ce train de vie tumultueux qui, sans elles, tu n’aurais pas su te pardonner ou grandir,

Le vrai dans la ligne tracée et la transparence de la couleur fragile, comme nous, humains,

La terre que tu modèles et y mets de la vie avec ses creux et ses bosses.

A aimer la lumière en toi et en recréer une nouvelle chaque jour.

Amira HAMMAMI

Artiste plasticienne et visuelle

Praticienne en art-thérapie